Jocelyne, pépiniériste viticole en Charente-Maritime
Jusqu’où développer son exploitation ? Comment communiquer avec les autres ?


Jocelyne, installée avec son mari depuis 30 ans, a ressenti que le développement de leur exploitation n’était plus en phase avec ses aspirations. Elle s’est essayée à la CNV (Communication Non Violente) pour trouver une façon de communiquer qui favorise le dialogue.

La difficulté d’exprimer son mal être

Nous dégageons un revenu très satisfaisant mais depuis 2-3 ans, il y avait « quelque chose » sur l’exploitation qui n'était plus en phase avec moi et que j'avais du mal à exprimer. A cause de ça, j'étais mal à l'aise dans mon travail. Je ne voyais plus le bout du tunnel car on est parti d’une toute petite exploitation avec peu de revenu et on est arrivé maintenant à une grosse exploitation, presque sans s'en rendre compte. Nous avons débuté en pépinière viticole en 1990 avec une production d'environ 150000 plants. Nous sommes arrivés à plus de 500000 greffes annuelles, j'aimerais qu'on se stabilise à ça. Cette exploitation actuelle, je ne l'ai pas voulue, elle est trop grosse pour moi.

Un développement trop important ?

La clientèle augmente, augmente... car on est reconnu dans notre métier. Je n'en ai pas marre de mon métier mais 10 salariés saisonniers compris, c'est déjà un maximum, je n'ai pas envie d'en assumer plus. Les clients, je les aime bien mais « trop c'est trop ». J'ai beaucoup travaillé et j'aimerais bien me poser et en faire moins.
On a toujours été dans la problématique de développer, de gagner plus pour payer les études des enfants. Maintenant qu'ils sont grands et qu’ils ne reviendront probablement pas sur l’exploitation, je voudrais diminuer mon travail pour avoir moins de soucis, moins de charges. Nos besoins financiers privés étant moindres, je ressens l'envie de lâcher du lest mais je n'arrive pas à me faire entendre.

S’exprimer pour favoriser le dialogue

J’avais suivi un parcours de plusieurs formations sur la reconnaissance des acquis de l’expérience et l’organisation du travail mais j'avais du mal à mettre des mots sur ce que je ressentais, je n’arrivais pas à communiquer avec mon mari qui lui se plaît bien dans ce développement.
La formation proposée sur la communication non violente était pour moi l'occasion de réfléchir à comment j'allais transmettre ma compréhension de la situation aux autres. Qu'est-ce que je n'arrive pas à exprimer et surtout pourquoi je n'y arrive pas ? Comment arriver à me faire comprendre et à dire sans colère ?

Parler posément de son ressenti et de ses désirs

Depuis la formation, j'essaie de me reposer les questions : pourquoi je suis mal à l'aise, furieuse... pour que ça sorte moins violemment (pour moi, pour l'autre). Je réfléchis au pourquoi de ma demande, de quoi j'ai besoin exactement. Je me rends compte que grâce à ça, l’autre personne comprend mieux.

Depuis 3 ans, j'ai fait beaucoup de chemin, je ne veux plus de cette spirale ascendante avec une exploitation qui grossit encore. Pendant 30 ans, j'ai fait tout pour que les choses avancent et ce n'est plus ce que je veux maintenant.

Un cheminement partagé

Une fois que j'ai compris d’où venait mon mal-être, il fallait l'exprimer à l'autre qui n'a pas forcément la même vision. Un dialogue est à instaurer : comment tu te sens par rapport à ce que j'ai exprimé ? De quoi as-tu envie ? Est-ce que tu peux m’aider à résoudre ce problème ? Comment peut-on faire pour continuer ensemble et conjuguer nos deux envies ?


Description de la formation suivie par Jocelyne ici.