"Sans attendre l'âge de la retraite, je suis prêt à laisser la place si un repreneur est très motivé".
Joël, 52 ans, polyculteur dans le Loiret a été accompagné dans sa réflexion par l'Afocg. Il a participé à la formation “Transmettre son exploitation, ça se prépare” organisée sur 6 demi-journées (de 2002 à 2004) par l'AFOCG.
"Je vis aujourd'hui un défi, celui d'être prêt à passer le relais dans 2 ou 10 ans dès que mon successeur sera prêt. Je vis ce défi plus intensément que celui que j'ai relevé lors de mon installation. "
Pourquoi as-tu choisi de participer à cette formation ?
"J'ai choisi ma vie de paysan il y a 25 ans. Je me suis installé quand mes parents ont cessé, pour des soucis de santé. La situation financière de la ferme n'était pas favorable mais j'étais motivé ! Comme beaucoup, je l'ai vécu de réussites, d'engagement, mais aussi d'échecs.
Je veux passer le relais dans le même état d'esprit. J'ai pris l'habitude de diriger, de prendre les décisions seul. Penser qu'un jour je vais partager les décisions avec un repreneur n'est pas facile. Mais j'essaie aujourd'hui de m'y préparer. Est-ce que je vais m'arrêter en fonction de ceux qui sont en face ou en fonction de moi ? Nous qui transmettons, nous nous disons que l'échéance de la transmission est liée à nous. C'est légitime, mais elle n'est pas liée qu'à nous. Parfois quand le fruit est mûr, il n'y a personne pour le cueillir !! Il faut faire en sorte d'être prêt individuellement et collectivement. L'avenir de notre milieu en dépend !! "
Que retiens-tu de cette formation ?
"L'exploitation doit laisser la place au repreneur pour lui permettre de construire un nouveau projet. La transmission c'est arriver à la retraite, mais c'est peut-être aussi faire une reconversion professionnelle.
Aujourd'hui l'hétérogénéité des situations est plus grande que par le passé. Avant on s'installait pour faire carrière. "
"Evaluer ses besoins en tant que cédant c'est se garantir des choix en toute sérénité et en fonction de ses valeurs. La pression financière forte peut nous pousser à vouloir faire une plus-value. Evaluer le coût de notre future retraite donne des repères pour mieux résister à cette tentation.
Un voisin cédant m'expliquait qu'il avait résisté aux offres du voisin pour l'agrandissement parce qu'il avait la volonté farouche d'installer un jeune. L'évaluation de ses besoins, faite auparavant l'avait rassuré que son choix respectait ses valeurs."
Comment envisages-tu ta transmission ?
"J'étais moi-même salarié avant d'être agriculteur, j'avais une "bonne place". Quand je me suis installé, on me disait "qu'est-ce que tu viens faire là" ? Je suis optimiste pour passer le relais, si une opportunité se présente. Je suis serein pour envisager l'avenir. L'exploitation tourne bien aujourd'hui, il y beaucoup de travail mais il y a quelque chose au bout et il y a encore beaucoup de potentiel."
Propos recueillis lors des journées de réseau "Gestion : explorer les systèmes de demain", Paris, décembre 2004